A découvrir : Notre-dame de Sanguinou
Au nord du petit village de Caucalières, situé à peu près à égale distance entre Labruguière et Mazamet, s’étend un immense terrain calcaire que l’on appelle « le Causse ». Au milieu des prés, derrière des buis, s’enterre un bâtiment qui paraît une ferme à prime abord et qui n’est autre que le sanctuaire de Notre-Dame de Sanguinou.
L’explication de ce nom a donné lieu à des commentaires les plus surprenants :
pour certains, on y aurait vénéré un saint local « saint Guinou », pure fantaisie ;
pour d’autres, un prêtre aurait été massacré dans la chapelle, sur les marches de l’autel, pendant qu’il y célébrait la messe. Le lieu aurait donc été qualifié, en occitan, de « sanguinous », sanglant. Explication aussi fantaisiste que la première.
Comme il arrive fréquemment pour les noms de lieu, on peut chercher leur origine dans flore avoisinante. Dans les parages de la chapelle, foisonne le cornouiller sanguin ou sanguinelle que l’on appelle en occitan « le sangui ». C’est lui qui fournit au vieux nom de sanguinou, l’étymologie la plus vraisemblable.
Aperçu historique
Le sanctuaire de Sanguinou est certainement très ancien, peut-être est-ce même le plus ancien du Tarn.
Des fouilles entreprises entre 1949 et1951 mirent à jour deux vases funéraires que les experts attribuèrent à l’époque gallo-romaine. Le lieu était donc occupé très tôt, sans doute à cause de la proximité d’un point d’eau (la source existe toujours à 150m environ).
Mais ce qui intrigua le plus fut la découverte, à même le roc, d’un sarcophage de type mérovingien. N’était-ce pas la présence dès ce moment-là (entre 500 et 700) d’un sanctuaire chrétien ?
L’église actuelle d’après son caractère architectural remonte vraisemblablement au XIe siècle : petite nef, sans piliers ni colonnes, couverte d’un simple plancher à double pente, deux fenêtres réduites à ébrasement intérieur, ouvertes vers le midi, un grand arc en plein cintre qui sépare la nef du chevet… Ces multiples observations faisaient classer cette église, déjà au XIXe siècle parmi les églises romanes remarquables du département.
Les statues
La grande statue de bois du sanctuaire est l’œuvre de l’artiste albigeois, Raoul Vergnes, qui l’a sculptée en 1954.
Grande (elle mesure 80 cm), élancée, elle est toute en hauteur, dans ce mouvement très stylisé fort à la mode entre les deux guerres, qui s’opposait au style tout en courbe du début du XXe siècle. On voit par exemple comment le voile descend de la tête aux pieds tout en formant des plis réguliers dans la partie inférieure.
Marie est droite, immobile. Elle soutient l’enfant de ses deux mains. Celui-ci est appuyé contre elle, ses deux bras reposant sur l’épaule gauche de sa mère, sa main gauche tenant une petite branche de « sangui », le branche locale.
Le plus beau dans cette statue stylisée, c’est peut-être le regard. Le visage calme, reposée, la Vierge et l’enfant regardent les gens et les accueillent, paisiblement, comme en silence, leur présence immobile semble porter au recueillement.
La statue en poirier a été sculptée en taille directe, elle forme d’un seul bloc, évidé cependant à l’arrière pour éviter les craquelures.
On vénère aussi à Notre-Dame du Sanguinou un buste qui passe pour celui de Marie.
En réalité, il s’agit là d’un buste reliquaire qui représente peut-être Cécile de Provence, la fondatrice de l’abbaye de l’Ardorel en 1124. Cette statue reliquaire est très ancienne. On admirera la beauté de cette œuvre : le visage très ouvert, au large front est éclairé d’un fin sourire très prononcé. La tête est surmontée d’une couronne. La statue est assez typique des ouvrages du XVe siècle.
Informations tirées de Pèlerinages à Notre-Dame en Pays Tarnais du père Gilbert Assémat RDT Collection Rives du Temps – 1988
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